Suzanne Leclercq : une figure de l'histoire des sciences


1000 400 SuzanneLeclercq 2 Au milieu, Suzanne Leclercq 

Le département de paléontologie, possédant une très riche collection qui mérite le détour par le campus du Sart Tilman, a été fortement marqué par la Pr Suzanne Leclercq. Cette scientifique de renom, obstinée, exigeante et rigoureuse est mise à l’honneur ces 11 et 12 septembre.

Dossier mis en ligne le 10 septembre 2021

 

A l’occasion des Journées du Patrimoine 2021, une attention particulière est accordée aux femmes et à leurs liens avec le patrimoine de la Wallonie. L’ULiège vous emmène donc à la découverte des figures féminines qui, hier ou aujourd’hui, ont frappé l’université de leur sceau.

Parmi elles, on peut assurément compter Suzanne Leclercq (1901-1994), une paléontologue dont l'excellence scientifique lui assura une réputation bien au-delà des frontières nationales.

Une figure de l'histoire des sciences... A l'ULiège et dans le monde

Quoi qu’il en soit de l’estime que lui portent, aujourd’hui encore, les paléobotanistes du monde entier, Suzanne Leclercq n’est pas connue au-delà du public des spécialistes. Il s’agit pourtant d’une figure de proue de sa discipline. Notre institution peut s’enorgueillir de la compter parmi ses anciens chercheurs.

La paléobotanique réinventée : les recherces de Suzanne Leclercq

Travaillant dans un premier temps en paléontologie animale, Suzanne Leclercq s’est ensuite tournée, sous l’impulsion du Professeur Renier, vers la paléontologie végétale. Elle étudie les coal-balls du Houiller où sont conservés des végétaux en trois dimensions. Pour mener à bien ses analyses, Suzanne Leclerq met au point une technique de dégagement innovante qui se répand dans le monde entier.

Ses travaux transforment la paléontologie végétale : de stratigraphique, l’approche se fait biologique. Les fossiles ne sont plus (seulement) utilisés pour dater les couches terrestres ; le végétal fossilisé est examiné pour lui-même. Il s’agit désormais de rassembler les éléments dispersés d’une même plante, de la reconstituer pour en étudier la nature et l’évolution.

Si elle s’intéresse d’abord aux spécimens du Carbonifère, Suzanne Leclercq se consacre, par la suite, au Dévonien. Elle a notamment établi l’archétype de la fougère – démontrant par-là qu’il y avait des environnements végétaux structurés bien plus tôt qu’on ne le pensait jusqu’alors (dès le Dévonien moyen) – ainsi que le profil de la Psilophyton dawsonii. Aujourd’hui encore, on part de cette description pour établir une phylogenèse de la flore terrestre.

A la fin de sa carrière, Suzanne Leclerq s’associe avec Maurice Streel. Ensemble, grâce à l’étude des spores, ils établissent une échelle stratigraphique qui permet de lever un coin du voile sur la succession des roches.

Reconnue internationalement, Suzanne Leclercq s’éteint le 12 juin 1994 alors qu’à l’Université de Liège, Muriel Fairon-Demaret assure la relève dans le champ de la paléobotanique.

Le parcours de Suzanne Leclercq en quelques dates

1924 : Obtention de son doctorat et publication de son premier article « Les végétaux à structure conservée du charbonnage de Wérister »

1929-1933 : Chercheure qualifiée du FRS-FNRS

1931 : Agrégée de la Faculté des Sciences de l’Université de Liège (première femme à obtenir l’agrégation à l’Université de Liège)

1933 : Chargée de cours

1937 : Professeure ordinaire (pour la phytopaléontologie et pour la paléontologie stratigraphique partim botanique)

1940 : Publication de « Contribution à l’étude des végétaux du Dévonien de Belgique » où Suzanne Leclercq procède à la reconstitution du Hyenia. Première article d’une longue série, il démontre l’intérêt immense des fossiles végétaux du Dévonien s’ils sont étudiés correctement. Les travaux de Suzanne Leclercq ont modifié la compréhension et l’analyse des plantes dévoniennes.

1953-1954 : Présidente de la Société Géologique de Belgique (seule femme à assurer cette fonction)

1971 : Accession à l’éméritat

1975 : Membre de la classe des Sciences de l’Académie Royale de Belgique

La paléobotanique : une obsession

Si l'on veut se faire une idée du caractère passionné et obstiné de Suzanne Leclercq, il suffit de lire - et de se délecter - de ces deux petits poèmes rédigés par sa soeur, alors sa secrétaire. Ces documents sont conservés par l'EDDyLab (département de paléontologie / ULiège).

La passion du Racophyton (13 janvier 1951)

Bonne gens, oyez ce récit

Vous en serez un peu surpris

Ce n’est ni conte, ni légende

Mais une histoire peu courante

 

Il était un jour une belle

D’esprit savant, assez rebelle

Peu de gens de quelle que manière

N’avaient eu l’heur de lui plaire

Or un jour, elle me rencontra

Fut éblouie. De ce jour là,

Ma regarda, me contempla

Me caressa de ses doigts roses

Délaissant pour moi toutes choses

Me dessina de toute manière

De face, de profil, à l’envers

Me fit photographier mille fois

Et jour et nuit, sans se lasser

De moi occupait ses pensées

 

Ce vainqueur, cet être étonnant

Cause d’un miracle si grand

Ni ange, ne [sic] démon, ni homme

C’est moi, le beau Rhacophyton

 
La lassitude du Racophyton (Février 1951)

Racophyton, Rhacophyton, morne plante,

Dans un infâme caillou, cachée depuis longtemps

Tu renais à la vie, car une main tremblante

Te dissèque sans merci pour te rendre vingt ans.

 

Pour ton malheur, hélas, bien des regards sans vie

Détailleront sans joie ta vieille anatomie

Ils n’y verront sans doute rien de fort harmonieux

Retourne dans ta tombe, cela vaudra bien mieux.

 

Suzanne Leclercq 

Grâce à des images d'archive et au témoignage de Cyrille Prestianni (EDDyLab),  découvrez Suzanne Leclercq en vidéo !

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Youtube
 

Ressources

  • FAIRON-DEMARET M., "Suzanne Leclercq, paléobotaniste (1901-1994)", in Belgian Journal of Botany, 129/1 (1996), p. 3-9.
  • FAIRON-DEMARET M. et STREEL M., "Leclercq, Suzanne", in Nouvelle Biographie Nationale, t. 7, Bruxelles, Académie Royale de Belgique, 2003, p. 229-230.
  • ULiège, "Famous scholar - Suzanne Leclercq", ressources en ligne : 1) ses recherches et 2) sa biographie.
  • Archives Suzanne Leclcercq du département de paléontologie de l'ULiège (EDDyLab).

Ce projet est mené par l’EDDy Lab et Réjouisciences (ULiège) et bénéficie du soutien financier du SPW|Recherche et de la Fédération Wallonie-Bruxelles
 

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